Une nouvelle étude apporte des preuves d’un effet de substitution
Une étude récente financée par l’Institut national américain sur l’abus d’alcool et l’alcoolisme (NIAAA) révèle que le cannabis peut réduire à la fois la consommation d’alcool et l’envie de boire chez les personnes qui consomment régulièrement de grandes quantités d’alcool. Les chercheurs de la Colorado State University et de l’Université du Colorado ont mené cette étude innovante, récemment publiée en prépublication sur PsyArXiv.
L’objectif : déterminer si le cannabis pourrait jouer un rôle de substitut au sein d’une stratégie de réduction des risques pour les consommateurs excessifs d’alcool.
Une expérimentation en conditions contrôlées
L’étude a suivi 62 adultes ayant un usage combiné intensif de cannabis et d’alcool depuis au moins trois mois. Chaque participant a pris part à deux sessions de consommation dans un laboratoire.
Lors d’une session, les participants pouvaient boire jusqu’à cinq verres d’alcool. Dans l’autre, ils consommaient d’abord du cannabis — par leur méthode habituelle (inhalation, ingestion, etc.) et à leur dose habituelle — avant de se voir proposer les mêmes quantités d’alcool.
Une réduction moyenne de 25 % de l’alcool consommé
Les résultats sont parlants : lorsque les participants avaient consommé du cannabis avant l’alcool, ils buvaient en moyenne 1,5 verre, contre 2 verres sans cannabis – soit une baisse d’environ 25 %.
De plus, de nombreux participants ont signalé une diminution marquée de leur envie de consommer de l’alcool après avoir utilisé du cannabis. Cette baisse du « craving » est une piste sérieuse pour expliquer l’effet de substitution observé.
Des effets variables selon les individus
Cependant, l’effet n’a pas été universel. Certains participants n’ont montré aucun changement, et une minorité a même bu davantage. Cela souligne que les effets du cannabis dépendent fortement des caractéristiques individuelles : contexte social, raisons de consommation, état psychologique, etc.
Fait surprenant : la concentration de THC dans le sang n’a pas été un facteur déterminant dans la réduction de la consommation d’alcool.
Une piste prometteuse pour la réduction des risques
Les chercheurs suggèrent que le cannabis pourrait être utile dans des approches de réduction des risques, notamment pour ceux qui ne souhaitent pas s’engager dans une abstinence totale. Cependant, ils appellent à poursuivre les recherches pour mieux cerner les profils les plus réceptifs à cet effet substitutif.
Un phénomène en expansion chez les jeunes adultes
Les résultats de cette étude sont cohérents avec des tendances récentes. Une enquête menée en mars 2024 a révélé que trois jeunes adultes sur quatre utilisent le cannabis en remplacement de l’alcool au moins une fois par semaine. Ce comportement s’inscrit dans un marché en pleine expansion, où les produits au cannabis sont de plus en plus diversifiés et accessibles.
Alors que le cannabis gagne en légitimité légale et culturelle, son rôle potentiel dans la santé publique et la gestion des addictions devient de plus en plus central.
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